Aujourd'hui « les chroniques-ta tante »
J'avais – et j'ai toujours par
ailleurs – une tante bien enveloppée. Non
qu'elle fût grassouillette, que du contraire, elle est plutôt
grande et étique. Simplement, en toute occasion, elle recourait aux
enveloppes :
pour écrire des lettres – on se souviendra qu'au XXè siècle le
courrier était postal - ; dans son travail, comme comptable,
elle mettait sous enveloppe les justificatifs et autres tickets de
caisse. Au nouvel an, elle distribuait à chacun de ses neveux une
enveloppe avec les étrennes proportionnées aux besoins de chacun.
De
temps à autre, ses loisirs la conduisaient en ville à la recherche
d'un nouveau tailleur gris ou d'un livre de méditation chrétienne.
Dans ces circonstances, elle ne craignaient rien tant que d'être
prise d'un besoin urgent et de se retrouver dans un WC sans
papier. C'est pourquoi
elle conservait toujours dans son sac à main quelques coupons de son
moltonel préféré.
Cependant,
il était hors de question d'emporter le précieux accessoire en vrac
ou sous forme de rouleau : si par hasard une vendeuse ou un
client avait avait aperçu la chose, ma tante en serait morte de
honte. Elle rangeait donc le PQ secourable non dans on portefeuille
mais dans des enveloppes, chaque enveloppe contenant quatre coupons.
L'Histoire pourrait s'arrêter ici, mais vous imaginez la suite ?
Eh
bien, vous imaginez mal, car la tante très organisée n'a jamais
mélangé les différentes enveloppes. Ce qui arriva, en fait, c'est
qu'un jour un quelconque voyou lui arracha son sac et s'enfuit en
courant pour s'abriter et faire l'inventaire de son butin.
Personne
n'a évidemment vu la tête du malfrat en découvrant le contenu des
enveloppes, mais on peut l'imaginer et profiter du fou-rire, comme
rarement ma tante en a connu.
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