samedi 4 juillet 2020

Allô Proximus, ne coupez pas

Ma voisine du troisième étage désirait ouvrir une ligne Internet à son étage. Sur mon conseil, elle décide de faire appel à Proximus, ce qui lui évitera lors d’un éventuel problème, de voir son fournisseur d’accès et le détenteur de la ligne se renvoyer la balle dans le style …

- Madame Proximus, votre ligne c’est de la merde
- Pas du tout Monsieur Orange, c’est votre routeur qui est un nul de chez nul

Donc Proximus lui envoie un jeune du genre il a l’âge légal ? Et son masque, il est où ? Pour installer la ligne, la boîte téléphonique étant au sous-sol (en Fa donc), il lui faut tirer une ligne d’une quinzaine de mètres. Sauf que le garçon, soucieux de s’épargner du travail et/ou du fil, essaie de repérer parmi les anciens câbles présents en abondance un fil qui connecte directement le troisième à la cave. Les candidats à cette fonction sont nombreux et on m’arrache à mon oisiveté pour détecter le fil ad hoc.

Mais j’avoue que l’âge aidant, et les années ayant pesé également sur la qualité des souvenirs, je ne suis plus certains de quel fil est quoi entre le 12 volt de Telenet (mon fournisseur d’accès et de ligne), le 12 volts du parlophone sans compter les connections (12 v) renvoyant à la mini-centrale téléphonique pour servir quatre postes. De plus, je ne vois pas pourquoi je dois m’emmerder pour résoudre les problèmes de Proximus et de la voisine.

Par la suite, j’ai su pourquoi.

Le garçon est de plus en plus nerveux, proclame qu’il n’est pas électricien (on s’en doutait), court d’un étage à l’autre avec un appareil qui fait bipbip quand il détecte du 12 volts, c’est à dire à peu près partout, et finalement ouvre un boîtier puis l’autre tandis que j’essaie de terminer mon petit déjeuner tardif de confiné. Finalement, il tire la conclusion logique qu’il n’est pas plus installateur que technicien. Il m’arrache à mon troisième café pour demander que je le laisse sortir.

Jour 1

C’est pourtant simple, j’ai sur la rue une serrure magnétique qu’on ouvre de l’intérieur en poussant sur le bouton rouge ! Problème, le bouton est toujours là, mais le rouge n’y est plus, donc l’aimant ne m’aime plus. Impossible de relâcher le garçon car il existe bien une clé, mais qui ne fonctionne que de l’extérieur et à l’extérieur, il n’y a personne … Je descends à la cave visiter la boîte à fusible, il y en a un avec le label « PORTE » mais il est branché normalement. Un problème dans le fil ?

Tel Sherlock Holmes et partant de la porte d’entrée, je suis le câble gris jusqu’à détecter la cause : le câble a été coupé net à l’approche du tableau des fusibles. Aucun doute, la coupure est aussi volontaire que nette et le coupable ne fait aucun doute : c’est justement celui qui veut sortir. Je lui communique donc qu’il ne pourra sortir qu’après avoir réparé. Il y va d’un « je l’savais, je l’savais que j’allais faire une connerie ». OK, mais moi je le savais pas, d’ailleurs, pourquoi il a pas rétabli le contact, puisque sa coupure ne donnait rien ?

Je lui communique donc qu’il est pris en otage, et qu’il ne sortira qu’une fois le courant rétabli dans la serrure électrique. Comme « il n’est pas électricien », je lui conseille de couper le fusible pendant qu’il recrée le passage du courant. Un moment plus tard le bouton rouge re-rougit et le non-électricien annonce pour ma voisine qu’il va demander à un collègue moins con euh, je veux dire plus com .. pétent de venir régler le problème.

Fin de l’histoire ? Vous plaisantez je suppose !

Jour 2

Le lendemain, je prends mon téléphone de maison pour faire un appel (après 16 heures c’est gratuit de chez j’ai déjà payé). Je reçois bien le signal de la mini-centrale, mais pas moyen d’obtenir la ligne extérieure en tapant le zéro. Coïncidence ? Le malade de la pince à couper a trifouillé dans le placard de la centrale, et il a même enlevé, je le vois maintenant, le couvercle d’une boite de dérivation 12 volts. Les deux fils sectionnés (dé-serrer les petites vis c’est un boulot d’électricien?) gisent sur le côté, orphelins de leur connexion 12 volts. Miracle, après dénudage et revissage, je retrouve mon LA téléphonique. La concurrence entre Proximus et Telenet devient féroce, s'ils se coupent les lignes ...

Jour 3

Dans la boîte à lettres (réelle, pas virtuelle) il y a l’avis de passage d’un livreur. Ce qui est étrange c’est que nous n’avons pas quitté la maison aujourd’hui, pourquoi n’a-t-il pas sonné ? Sommes-nous devenus tous sourds ? Et si c’était encore un coup (de cisaille, aïe aïe) du désinstallateur Proximus. Vérification faite, la sonnerie du rez-de-chaussée (c’est un ding dong à la tierce) ne fonctionne pas … J’ouvre le boîtier des boutons de sonnette pour repérer la couleur du fil – il est rose – avant de le retrouver dans le réseau qui avoisine le tranfo du courant continu (12 volts encore).

Pas de fil coupé cette fois, mais un fil « arraché » se promène en célibataire. Serait-ce ? Test, oui, c’est bien lui. Normalement, il fait ménage à trois dans un sucre électrique, je réconcilie les divorcés avec un tournevis d’électricien (je ne suis pas électricien non-plus, mais le port du tournevis est autorisé même aux profanes). C’est alors que j’aperçois l’arme des crimes, que le malfaiteur, dans sa fuite, a abandonné sur une étagère.

 Il va de soi que, maigre compensation, j'ai saisi la pièce à conviction.