mardi 2 octobre 2018

la saga du parapluie-qui-n'en-était-pas-un


C'était une chaude journée de septembre à Lisbonne. Le soir venu, le Largo da Graça se garnit de nombreux dîneurs lisboètes et touristes qui occupent les terrasses des différents restaurants. Arrive un tram 28 qui quelquefois abrège son trajet pour prendre ici son terminus en face de la caserne des pompiers.

Or voici qu'au moment mẽme où le tramway s'engage sur l'esplanade apparaît dans les airs un parapluie vert, coincé dans les cãbles du tram. Personne ne sait d'où vient ce parapluie surgi de nulle part, tel le planeur de Mary Poppins sans sa propriétaire.
Le wattman se montre préoccupé : ce parapluie ne va-t-il pas l'empẽcher de faire demi-tour pour repartir vers les Plaisirs (Prazeres, c'est l'autre bout de la ligne 28). Car il est bien connu que “là où il y a de la gêne – de parapluie – il n'est point de Plaisirs. Il sort donc de sa cabine et tente d'écarter l'obstacle à l'aide de la flèche du tram. Malgré les encouragement du public, ledit parapluie reste insensible aux efforts du conducteur de 28.
Se présente alors la maréchaussée : les pandores font le constat que le parapluie ne menace nullement la circulation des trams, mais bien celle des piétons qui pourraient prendre un mauvais coup si le parasol tombait. L'objet est en effet un parasol vu que, en se balançant au bout des câbles, il a laissé apercevoir à certains un mat de fer blanc et pointu. Ce qui est plus logique, car cela fait des semaines qu'il n'a pas plu sur Lisbonne et aucun nuage n'annonce une quelconque ondée ni donc un quelconque parapluie.
Pour autant, le mystère reste entier de l'origine du désormais parasol vert : est-t-il venu en planant avec la brise du soir d'une des plages de l'Ouest ? Est-il descendu en parachute de la terrasse d'un des immeubles du quartier ? Les supputations s'echangent en portugais, français, espagnol, anglais, italien … chacun y va de son hypothèse préférée.
Pendant ce temps, la police a établi un cordon de sécurité et le tramway est reparti. Une bande de plastique rouge et blanc délimite maintenant la scène de crime; munis de longues perches, les flics tentent de faire tomber le parasol qui refuse toujours d'obtempérer. Il se contente de danser autour de son fil sous l'effet du vent et des coups de bâtons. “Ce parasol est trop vert, il faut attendre qu'il murisse” suggère un touriste facécieux. Un autre estime qu'il faut faire appel aux pompiers tout proches.
Ce dernier avis paraît plus pertinent. D'ailleurs, sortis de leur caserne toute proches, les pompiers sont là, évaluent la situation et repartent illico vers leur caserne, pour la plus grande déception du public de plus en plus fasciné par ce spectacle haletant. Mais déjà les combattants du feu reviennent avec les grands moyens, un camion rouge surmonté d'une plate-forme mobile. La foule sent que la fin est proche, lance des hourras et applaudit à tout rompre. Un héros, monté sur la plate-forme réussit en effet à décrocher le parasol qui descend en tournoyant.

Le camion et son personnel repartent sous les vivats, les serveurs reprennent leur service et les dĩneurs leur dĩner mais ...rde, les brochettes et les frites ont refroidi.