dimanche 17 décembre 2017

poulet aux amendes (douces)

Non, ce n’est pas une faute d’orthographe … Notre poulet est un « policia » c’est à dire un poulet à la portugaise, participant à un contrôle routier.

Il arrête un musicien brésilien résident au Portugal qui, comme tous les artistes, s’est un peu perdu dans les labyrinthes des bureaucrassies lusophones. En l’espèce, c’est son permis de conduire qui n’a pas été renouvelé à temps, ce que notre agent lui fait remarquer. Le musicien sait qu’il est en tort, mais il connaît la musique, et se prépare à suivre la procédure de sa terre natale, qui consiste à offrir un « cadeau » au préposé pour qu’il ferme les yeux.



Pourtant, à son grand étonnement, le policier ne semble pas prêt à négocier, mais se dirige vers sa voiture avec le document litigieux. Il en revient 5 minutes plus tard :
- Monsieur, j’ai contacté le juge de garde, votre comparution aura lieu dans 25 minutes.
Notre musicien comprend alors qu’il n’a pas affaire avec un maître-chanteur, mais avec un fonctionnaire consciencieux. Il se rend au rendez-vous dans le véhicule de police conduit par son témoin assermenté.

Le juge est un homme sympathique … mais juste :
- Je vous connais, j’ai assisté à l’un de vos concerts à Setubal il y a quelques semaines. Vous êtes excellent musicien, mais néanmoins un hors-la-loi, vous ne contestez pas le fait que vous conduisiez sans permis valide ?
- La dernière fois que je suis rentré à Rio, j’ai oublié de renouveler mon permis, simple distraction de ma part …
- Je comprends, mais je ne peux pas vous laisser reprendre la route. Avez-vous un ami ou de la famille qui peut vous ramener à la maison ?
- Ma fille habite pas très loin.
- Vous pouvez l’appeler. Je fixe le montant de l’amende (je vous l’avais dit, pas de faute d’orthographe) à 500 euros. Voici la liste des ONG, vous pouvez choisir le bénéficiaire dans cette liste.

Notre ami est très étonné (autant que vous et moi) : ainsi l’argent ne va ni au flic, ni au juge, ni même à l’état portugais. Il choisit donc de bon cœur dans la liste que lui présente le juge une association qui s’occupe de l’enfance abandonnée, puis a un dernier réflexe brésilien : -C’est une grosse somme, je peux fractionner ?
Mais oui, il peut payer en trois fois avec la carte de crédit, comme s’il achetait un smartphone …


Étonnant Portugal, vous ne trouvez pas ? Je me surprends à penser qu’ici aussi on souffrirait moins si on pouvait payer les amendes à Greenpeace, Amnesty ou MSF. Les amendes portugaises sont plus douces, question de climat peut-être ...