Non, ce n’est pas
une faute d’orthographe … Notre poulet est un « policia »
c’est à dire un poulet à la portugaise, participant à un
contrôle routier.
Il arrête un
musicien brésilien résident au Portugal qui, comme tous les
artistes, s’est un peu perdu dans les labyrinthes des
bureaucrassies lusophones. En l’espèce, c’est son permis de
conduire qui n’a pas été renouvelé à temps, ce que notre agent
lui fait remarquer. Le musicien sait qu’il est en tort, mais il
connaît la musique, et se prépare à suivre la procédure de sa
terre natale, qui consiste à offrir un « cadeau » au
préposé pour qu’il ferme les yeux.
Pourtant, à son
grand étonnement, le policier ne semble pas prêt à négocier, mais
se dirige vers sa voiture avec le document litigieux. Il en revient 5
minutes plus tard :
- Monsieur, j’ai
contacté le juge de garde, votre comparution aura lieu dans 25
minutes.
Notre musicien
comprend alors qu’il n’a pas affaire avec un maître-chanteur,
mais avec un fonctionnaire consciencieux. Il se rend au rendez-vous
dans le véhicule de police conduit par son témoin assermenté.
Le juge est un homme
sympathique … mais juste :
- Je vous connais,
j’ai assisté à l’un de vos concerts à Setubal il y a quelques
semaines. Vous êtes excellent musicien, mais néanmoins un
hors-la-loi, vous ne contestez pas le fait que vous conduisiez sans
permis valide ?
- La dernière fois
que je suis rentré à Rio, j’ai oublié de renouveler mon permis,
simple distraction de ma part …
- Je comprends, mais
je ne peux pas vous laisser reprendre la route. Avez-vous un ami ou
de la famille qui peut vous ramener à la maison ?
- Ma fille habite
pas très loin.
- Vous pouvez
l’appeler. Je fixe le montant de l’amende (je vous l’avais dit,
pas de faute d’orthographe) à 500 euros. Voici la liste des ONG,
vous pouvez choisir le bénéficiaire dans cette liste.
Notre ami est très
étonné (autant que vous et moi) : ainsi l’argent ne va ni
au flic, ni au juge, ni même à l’état portugais. Il
choisit donc de bon cœur dans la liste que lui présente le juge une
association qui s’occupe de l’enfance abandonnée, puis a un
dernier réflexe brésilien : -C’est une grosse somme, je peux
fractionner ?
Mais
oui, il peut payer en trois fois avec la carte de crédit, comme s’il
achetait un smartphone …
Étonnant
Portugal, vous ne trouvez pas ? Je me surprends à penser qu’ici
aussi on souffrirait moins si on pouvait
payer les
amendes à Greenpeace, Amnesty ou MSF. Les
amendes portugaises sont plus douces, question de climat peut-être ...