jeudi 11 septembre 2008

Vivement la fin du monde


Selon certaines sources, la fin du monde serait pour demain, ou au pire pour le mois prochain. Je m'en réjouis déjà. Qu'on me comprenne bien : je n'ai aucune envie de mourir, non. Si on me laissait le choix, j'aimerais vivre éternellement, écrire des milliers de chroniques-t-amères, jouer toutes les chansons de Lennon-McCartney et draguer toutes les femmes que je n'ai pas encore connues (et elles sont légion). Mais ... j'ai cru comprendre que tous les bonheurs ont une fin.
Et là, puisque nous sommes tous destinés à redevenir poussière, j'aimerais autant ne pas partir tout seul. Ne pas mourir en laissant derrière mois mes enfants désespérés, des amis en pleurs et des ennemis en fête (à moins que ce ne soit le contraire) ; ne pas partir sans avoir découvert le secret de l'île de Lost, sans avoir vu Rambo XVII, sans avoir assisté au concert des 90 ans de Mick Jagger; ne pas rater les Jeux Olympiques de Bagdad en 2052 ni la colonisation de Mars par les Afghans ...
Au moins, si la fin du monde survenait demain, je mourrais en sachant que tout cela n'aura pas lieu. Ma curiosité serait satisfaite, je partirais rassuré et heureux, délivré de cette envie énorme de connaître la suite de l'Histoire. Quand à celle qui m'a dit un jour "le jour ou tu disparaîtras, je ne pourrai plus vivre", et bien, je serais certain qu'elle va tenir sa promesse.
De fait, je dois avouer que je ne vois guère que des avantages à la Fin du Monde; la seule chose qui me tracasse, est que je ne voudrais pas que l'apocalypse survienne avant l'heure, je veux dire Mon Heure. Bon, nous pourrions passer un marché : je suis prêt à postposer la fin du monde de - disons - 20 ans, en échange de la garantie de vivre jusqu'à cette date convenue. Tope-là ?

dimanche 7 septembre 2008

Le clan des chiens et les clan des tins


migrations des grues

Nos gouvernants belges et européens en général ne cessent désormais de dénoncer l'immigration « sauvage » ou « illégale ». De cette façon, ils nous font croire qu'ils mettent toute leur énergie (non-renouvelable) à traquer et expulser les clandestins. Faut-il les croire ? En réalité, les illégaux constituent une main d'œuvre nombreuse et peu exigeante, donc docile et bon marché.
Et ce ne sont pas seulement les gros-méchants-patrons qui l'exploitent : votre femme de ménage brésilienne a-t-elle ses papiers ? Et le peintre kosovar (ou yougoslave, ou serbe, ou albanais selon vos choix diplomatiques) qui repeint votre plafond, qui lui a dit « accroche-toi au pinceau, j'enlève ton passeport » ? Qui encore construit les milliers de logements sociaux promis par nos ministres ?

Récemment une femme vient consulter un service d'aide aux étrangers. Vous savez bien : un de ceux qui incitent les gens à monter sur les grues (qui ne sont pas seulement des putes thaïs-fines) ou à faire la grève de la faim ... Cette femme donc, est inquiète :
- Je traverse toujours au feu vert et dans les clous, je ne traîne pas dans la rue, mes seules sorties sont pour me rendre à mon travail, mais là aussi j'ai peur d'être contrôlée, car je n'ai ni permis de séjour ni carte de travail. La police pourrait-elle rentrer dans l'entreprise et me demander mes papiers ?
- Mais, Madame, cela dépend; où travaillez-vous ?
- Je fais les nettoyages à l'hôpital militaire, tous les jours, matin et soir !
- Non Madame, soyez tranquille, la police ne viendra pas vous chercher là.

N'en doutons pas : les services hospitaliers, les homes de vieux, les restaurants, les spectacles, les chantiers publics et privés peuvent fonctionner à un coût supportable pour nous, uniquement grâce à l'apport de ces petites mains basanées que d'aucuns prétendent vouloir renvoyer « chez elles ». Si les sans-papiers montent sur les grues, ce n'est pas seulement pour protester, c'est aussi parce que c'est leur lieu de travail habituel.
Vous avez dit « hypocrisie » ? j'ai dû mal entendre ...

vendredi 8 août 2008

I hate mélanger anglais et french


Attention, je ne suis pas du genre rabique qui veut à tout prix bannir de notre langue tous les mots provenant de langue-liche : je dis et j'écris « fax », télécopieur me semble bien long et compliqué; je n'ai aucun substitut valable pour « scanner » ou « rooter », le mieux étant encore d'écrire à la française « scanneur » et « routeur ».

À mes yeux, le pire consiste à utiliser des mots français dans leur signification anglaise. Vous voyez pas ? Un exemple :
- ce mec est gai, me dit un copain.
- oui, réponds-je, c'est un compagnon agréable.

Vous pensez que je triche parce que j'ai écrit « gay » avec un i plutôt qu'un y ? Mais mon copain n'a pas prononcé y, il a simplement dit [ge] ... Alors que le français « homo » est tout aussi correct politiquement et bien plus correct grammaticalement.

Et si l'on s'en tient à l'écriture, vous ne trouvez pas ridicule d'écrire sur toutes les vitrines de magasins pendant le mois de juillet SALE ! Comme les gamins qui écrivent avec leur doigt sur la crasse des pare-brises d'auto ... Ou peut-être le commerçant, dans un moment d'égarement et de sincérité, a-t-il voulu écrire « SALÉ » pour signaler que ses SOLDES sont hors de prix ? Soit dit en passant, le français « soldes » est bien plus précis que l'anglais « sale » qui est presque un pléonasme sur la vitrine d'un commerçant !

Et que penser de cet opérateur téléphonique belge (hélas !) qui propose des SMS à « 5 cents » ... 500 quoi bon cent ? 500 SMS ? 500 jours ? 500 euros, puisque c'est un prix. Dans le cas de « cent », l'écart est énorme entre le sens français (100) et le sens anglais – ou plutôt US - (1/100). L'opérateur a tort, sur le plan linguistique, mais aussi sur le plan commercial : « 5 centimes » c'est sûrement plus intéressant que « 5 cents » (mais pas que « five cents » le dollar étant tombé bien bas).

Toujours en Belgique (re-hélas), on trouve parfois un appareil de photos « digital » (sic) à 149 « euro » (re-sic). Ceux qui s'imagineraient que cet appareils marche « au doigt » (et à l'œil) ne connaissent rien à l'anglais : « digital camera » ne veut pas dire « caméra digitale » mais appareil (de photo) numérique. En anglais, indeed, « digit » est passé du sens latin de « doigt » à celui de « chiffre » car les Anglais comptent encore sur leurs doigts (uniquement valable pour le système métrique !) ...

Malheureusement, la Banque Centrale Européenne ne fait aucun effort pour la correction de la langue, elle qui imprime des billets de 500 EURO (ou EYPO pour les grecs et bientôt les bulgares et les serbes) sans S et des pièces de 50 CENT sans S ni . (point). Et pourquoi ces billets et ces pièces sont en anglais alors que la Grande-Bretagne a conservé sa pound ? seuls dans la zone EURO l'Irlande et Malte utilisent cette langue. Ils n'avaient pas le symbole « € » sur leur clavier, à Frankfurt ? La pièce de 50 cent, elle, n'a jamais existé qu'aux Pays-Bas, valant ½ gulden.

J'admets que c'est plus difficile de trouver un symbole pour le 1/100 € vu qu'il s'appelle « centavo », « céntimo », « sentti » ou « leptó » selon les langues et pays concernés; le ct ne vaudrait pas pour tout le monde ! Mais on peut toujours écrire 0,01 €, pas vrai ?


mardi 1 juillet 2008

Cerise ze t'aime Cerize ze t'adore


le cerisier
J'ai un magnifique cerisier dans mon jardin. Il est même aussi grand que mon jardin est petit; ce qui, une fois venu le temps des cerises (maintenant quoi !) n'est pas sans inconvénients. là haut, sur sa canopée, à plus de 10 mètres d'altitude, se nichent les plus belles cerises, celles qui sont le plus exposées au soleil ... et aux oiseaux.
Bigre ! Je n'ai pas d'échelle de pompier sous la main, mon meilleur escabeau n'est qu'un escabellâtre de 2 mètres de haut à tout casser (et à me casser la gu... en particulier). Le génie de l'homme (et le mien en particulier) étant sans limite, j'ai donc conçu un dispositif composé d'un perche avec à son extrémité une boîte de conserve entaillée bien tranchante : on glisse la queue de cerise dans l'encoche, on donne un petit coup de poignet et hop, on se retrouve avec la perche brisée, la boîte sur la gueule et la cerise dans le jardin voisin (plein d'orties). Allez manœuvrer une perche de 10 mètres de long !
les convives
Ce qui est compliqué pour moi - qui reste cloué au sol ou presque - est par contre très facile pour les voleurs de haut vol : diantre, qui eût pu penser qu'il y avait tant d'oiseaux au cœur de la ville : corneilles dramatiques (que je Cid pour mémoire), merles moqueurs, pigeons moins que moi, moineaux défroqués, pies que pendre, troglodytes sortis de leurs cavernes, mésanges gardiens, pics épèches pécheurs en cerisiers troubles et même ces perruches vertes à bec rouge arrivées en masse du Sud-est asiatique.
J'ai donc rapidement renoncé à disputer aux oiseaux les cerises situées au dessus de 4 mètres; comme le renard de la fable, je me suis consolé facilement : "ces fruits sont trop verts, et bons pour les étourneaux". Et j'ai laissé toute cette volaille se disputer pour des queues de cerises trop vertes. Bientôt, il ne resta plus sur la cime que les fruits abîmés.
le chat
Mais mes goinfres n'en furent pas rassasiés pour autant, et se mirent à migrer vers les branches basses.
À ce moment j'ai décidé de sortir mon joker, Youssef, chat domestique de son état : j'ai envoyé mon fidèle castré camper sur la pelouse au pied de l'arbre et ... il s'est endormi au soleil; quand les oiseaux s'approchent un peu trop, il pousse un vague gémissement et lorsque leurs piaillements se font trop aigus, il rentre se réfugier devant la télévision. Et pendant ce temps-là les cadavres de cerises s'empilent sur le gazon, où les pigeons patauds viennent tels des charognards picorer les bouts de pulpes oubliés sur les noyaux.
les goinfres
C'est que chaque espèce d'oiseau a son propre style de vol. Ainsi la corneille : elle lance de sinistres râles, fait fuir tous autres oiseaux (y compris Youssef), tente un atterrissage de fortune sur une branche à mi-hauteur, le rate et repart en catastrophe, non sans avoir "cassé du bois". Le merle arrive, se pose sans problème, donne de grands coups de becs dans toute cerise à sa portée et abandonne sur l'arbre et sur le sol des dizaines de cerises à moitié dépulpées. Le pigeon tente de finir le travail, se pose sur une branche trop frêle, tombe sur le sol dans un grand plaf qui ne semble pas le perturber. Il se console en mangeant sous l'arbre, au grand énervement du chat.
les gourmets
Le pic vient en famille, avec sa Dame de Cœur et les petits pics. Son atout réside dans sa capacité à se tenir la tête en bas, et il joue de cette carte de Pic très habilement : pendu à sa branche, il se retrouve dans la même position que les cerises, qui elles aussi vivent la tête en bas comme des chauves souris et la queue en l'air comme ... comme ! Mais la plus grande distinction revient certainement à la perruche : elle arpente les branches à la recherche du meilleur fruit. Dès qu'elle l'a repéré, elle s'installe sur une patte et utilise l'autre pour cueillir délicatement la cerise choisie, elle la porte à son bec, on jurerait qu'elle lève le petit doigt, et en grignote précautionneusement la pulpe, lèche le noyau et finalement abandonne le noyau et la queue sur la pelouse.
et moi
Perdu dans mon observation admirative, j'en ai oublié de chasser les intrus pour me garder quelques cerises comestibles. Dans un sursaut, je sors de ma rêverie et frappe dans mes mains. Peine perdue, les volatiles poursuivent leur repas comme si de rien était. Par contre, le chat s'envole, il est déjà trois jardins plus loin dans les orties.

samedi 29 mars 2008

Poissons d'avril

- Bonjour Monsieur Fisherman ...
- Bonjour Cher client et néanmoins ami, comment puis-je vous aider ?
- Mon aquarium devient un peu petit pour toute ma colonie de poissons d'eau de mer, je souhaiterais en acheter un plus grand.
- Ça tombe bien, ma spécialité ce sont les aquariums plus grands : regardez, j'ai ici un aquarium de bureau
Compact avec un compresseur dual-corps de 2 Gbars et un filtre DDR de 2 Ghz; le tout pour une capacité de 200 kl. Je vous le laisse à 600 €.
- C'est quelque chose comme cela qui me conviendrait, mais c'est un peu cher ...
- N'oubliez pas que ce prix inclut la garniture
Maquereau-soft Vista complète : algues, cailloux, coquillages et même les poissons ...
- Ah, d'accord, mais j'ai déjà tout ce qu'il faut dans mon aquarium actuel ! Combien coûte la garniture ?
- Je la vends à 250 €, mais avec l'aquarium c'est gratuit ...
- Vous voulez dire que je la paye, même si je ne la prends pas ?
- Non, je veux dire que vous devrez payer pour l'enlever, c'est une opération délicate ...
- Il n'y a pas moyen d'acheter un bête aquarium sans tout ce bazar ? Dans une autre marque ? Haute Pression ? Acerbe ?
- Tous les aquariums sont maintenant équipés de Maquereau-soft Vista. Je n'y peux rien, c'est la politique des fabricants.
- Bon, mais je pourrai quand-même ajouter mon décor Ximénie-Pro, sans compter les algues ubuntus et mes petits poissons tropicaux linux ?
- Je crains que non, les poissons Vista vont bouffer tout l'air, ils sont très délicats. Et il fait trop chaud pour garder vos algues et vos coquillages XP. Il faudra en acheter de nouveaux, compatibles avec Vista.
- Oui, j'ai entendu dire que les nouveaux poissons de Maquereau-soft sont très fragiles ...
- C'est exact, ils ne supportent que la nourriture MS et encore, beaucoup meurent prématurément. Mais MS promet de les remplacer gratuitement.
- C'est trop gentil de leur part, mais je préfère encore garder mes petits linux : même à l'étroit dans leur vieil aquarium, ils survivront.
- Mais vous vouliez un grand aquarium ???
- Pour y mettre mes poissons préférés, vos MSVistas, vous pouvez vous les carrer où je pense ...

Halte à Vista, baby

samedi 12 janvier 2008

Mon beau sapin


I'm dreaming of a white Christmas ...NOËL BLANC ? Qui a jamais vu la neige sur la plage de Copacabana (à part de la came) ? Rêve impossible pour 10 millions de Cariocas, car ici, sous le tropique du Capricorne - qui s'y trop frotte, s'y trop pique - Noël tombe quelques jours après le solstice d'été. La température oscille entre 30 et 40 degrés et est carrément insuportable pour tous les papais Noel enveloppés dans leur costume de feutre rouge et leurs bottes fourrées. Certains ont donc conservé un simple slip de bain rouge et blanc.

C'est que même ici, à Rio, les traditions nordiques ont la cote, les crèches sont blanchies à la farine, les pères Noël circulent en traineaux tirés par des rennes (ou en hélicoptère, ce qui est plus dangereux, car les traficants leur tirent dessus) et l'
arvore de Natal trône en bonne place dans les maison, sur les places et sur la lagoa Rodrigo Freitas : 68 mètres de haut, record du monde pour un arbre flottant.

Notez bien que l'on ne parle pas de "sapin de Noël", car la plupart des arbres sont en acier et plastique (vert), à la rigueur un araucaria. Quant à moi, le Belge, je ne rêve que d'épicéa, le vrai sapin en bois, en épines, en piqures et en allergies, pas le genre de truc qu'on achète au Guanabara ou au Carrefour du coin.

En passant en voiture à Grajaú, je finis par repérer un sapin famélique dans un kiosque de fleuriste. Malgré tout, notre choix se porte sur le malheureux épineux, d'ailleurs, c'est le seul de son espèce à 10 km à la ronde. En bon père de famille, le vendeur s'informe sur la destinée de son rejeton : allons-nous le planter dans notre fazenda ? notre maison de campagne ? notre jardin de ville ? ou alors sur la terrasse de notre appartement ? Non, non, non, nous allons mettre le pot dans le séjour !!!!

C'est alors qu'il a une idée "lumineuse" :
si vous lui mettiez des boules, des guirlandes et des lumières, ça pourrait faire comme un vrai arbre de Noël ... ???... !!! En voyant mon air ahuri, le commerçant se méprend et s'empresse de faire marche arrière : enfin, c'était juste une idée comme ça ...
C'est vrai ça ! Comme si un sapin malingre pouvait remplacer un vrai arbre de Noël en plastique !! Y'en a, j'vous jure !