mardi 1 juillet 2008

Cerise ze t'aime Cerize ze t'adore


le cerisier
J'ai un magnifique cerisier dans mon jardin. Il est même aussi grand que mon jardin est petit; ce qui, une fois venu le temps des cerises (maintenant quoi !) n'est pas sans inconvénients. là haut, sur sa canopée, à plus de 10 mètres d'altitude, se nichent les plus belles cerises, celles qui sont le plus exposées au soleil ... et aux oiseaux.
Bigre ! Je n'ai pas d'échelle de pompier sous la main, mon meilleur escabeau n'est qu'un escabellâtre de 2 mètres de haut à tout casser (et à me casser la gu... en particulier). Le génie de l'homme (et le mien en particulier) étant sans limite, j'ai donc conçu un dispositif composé d'un perche avec à son extrémité une boîte de conserve entaillée bien tranchante : on glisse la queue de cerise dans l'encoche, on donne un petit coup de poignet et hop, on se retrouve avec la perche brisée, la boîte sur la gueule et la cerise dans le jardin voisin (plein d'orties). Allez manœuvrer une perche de 10 mètres de long !
les convives
Ce qui est compliqué pour moi - qui reste cloué au sol ou presque - est par contre très facile pour les voleurs de haut vol : diantre, qui eût pu penser qu'il y avait tant d'oiseaux au cœur de la ville : corneilles dramatiques (que je Cid pour mémoire), merles moqueurs, pigeons moins que moi, moineaux défroqués, pies que pendre, troglodytes sortis de leurs cavernes, mésanges gardiens, pics épèches pécheurs en cerisiers troubles et même ces perruches vertes à bec rouge arrivées en masse du Sud-est asiatique.
J'ai donc rapidement renoncé à disputer aux oiseaux les cerises situées au dessus de 4 mètres; comme le renard de la fable, je me suis consolé facilement : "ces fruits sont trop verts, et bons pour les étourneaux". Et j'ai laissé toute cette volaille se disputer pour des queues de cerises trop vertes. Bientôt, il ne resta plus sur la cime que les fruits abîmés.
le chat
Mais mes goinfres n'en furent pas rassasiés pour autant, et se mirent à migrer vers les branches basses.
À ce moment j'ai décidé de sortir mon joker, Youssef, chat domestique de son état : j'ai envoyé mon fidèle castré camper sur la pelouse au pied de l'arbre et ... il s'est endormi au soleil; quand les oiseaux s'approchent un peu trop, il pousse un vague gémissement et lorsque leurs piaillements se font trop aigus, il rentre se réfugier devant la télévision. Et pendant ce temps-là les cadavres de cerises s'empilent sur le gazon, où les pigeons patauds viennent tels des charognards picorer les bouts de pulpes oubliés sur les noyaux.
les goinfres
C'est que chaque espèce d'oiseau a son propre style de vol. Ainsi la corneille : elle lance de sinistres râles, fait fuir tous autres oiseaux (y compris Youssef), tente un atterrissage de fortune sur une branche à mi-hauteur, le rate et repart en catastrophe, non sans avoir "cassé du bois". Le merle arrive, se pose sans problème, donne de grands coups de becs dans toute cerise à sa portée et abandonne sur l'arbre et sur le sol des dizaines de cerises à moitié dépulpées. Le pigeon tente de finir le travail, se pose sur une branche trop frêle, tombe sur le sol dans un grand plaf qui ne semble pas le perturber. Il se console en mangeant sous l'arbre, au grand énervement du chat.
les gourmets
Le pic vient en famille, avec sa Dame de Cœur et les petits pics. Son atout réside dans sa capacité à se tenir la tête en bas, et il joue de cette carte de Pic très habilement : pendu à sa branche, il se retrouve dans la même position que les cerises, qui elles aussi vivent la tête en bas comme des chauves souris et la queue en l'air comme ... comme ! Mais la plus grande distinction revient certainement à la perruche : elle arpente les branches à la recherche du meilleur fruit. Dès qu'elle l'a repéré, elle s'installe sur une patte et utilise l'autre pour cueillir délicatement la cerise choisie, elle la porte à son bec, on jurerait qu'elle lève le petit doigt, et en grignote précautionneusement la pulpe, lèche le noyau et finalement abandonne le noyau et la queue sur la pelouse.
et moi
Perdu dans mon observation admirative, j'en ai oublié de chasser les intrus pour me garder quelques cerises comestibles. Dans un sursaut, je sors de ma rêverie et frappe dans mes mains. Peine perdue, les volatiles poursuivent leur repas comme si de rien était. Par contre, le chat s'envole, il est déjà trois jardins plus loin dans les orties.

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