jeudi 17 mai 2007

lettre de mon moulin

Le café, avant de l'avoir bu, je l'avais déjà moulu.
Dès mes 5 ans, à un âge où les filles découvraient les charmes et mystères de la vaisselle, de la lessive, de la couture, de la cuisine, du repassage, de l'essorage, du nettoyage ..., à cet âge donc les garçons étaient initiés à une tâche virile s'il en est : moudre le café.
En ces temps lointains, la mouture du café était un vrai travail de force, qui s'effectuait avec un moulin à café (eh oui) ma-nu-el !! C'était un petit cube de bois surmonté d'une coupole ouvrante dans laquelle on mettait les grains de café.
Au sommet trônait la fameuse manivelle et la poudre de café - quand tout se passait normalement - était extraite d'un petit tiroir.
Le plus difficile était le démarrage, lorsque les grains étaient encore intacts et durs, parfois il fallait faire appel à l'un des frères, mais, généralement, nous répugnions à nous humilier de la sorte. Cette première étape passée, nos petites mains moulinaient de plus en plus vite jusqu'à ce que nous ne rencontrions plus aucune résistance. On faisait alors religieusement l'offrande du tiroir de poudre à notre père, lequel était en charge d'instiller le breuvage qu'il consommait sans mesure. Comme la plupart des Wallons.
Un beau jour des années 60, ce privilège de mâle a pris fin (comme bien d'autres) lorsque entra dans la maison une invention révolutionnaire : le moulin à café électrique (ou plus exactement, le moulin électrique à café) Moulinex. Après l'avoir branché sur une prise de courant, on appuyait sur un petit bouton rond et 30 seconde plus tard, la poudre était prête. Sauf qu'on avait oublié de visser à fond le couvercle, auquel cas on pouvait heureusement faire appel à une autre invention révolutionnaire, l'aspirateur, pour nettoyer la maison.
À la fin des années 90, le mouvement d'émancipation s'est étendu aux appareils électriques eux-mêmes, qui ont progressivement perdu leurs fils : d'abord il y eut le transistor puis l'aspirateur de table est apparu, le rasoir-électrique-de-voyage, le téléphone mobile, l'ordinateur portable. Pourquoi pas, bientôt, un moulin sur piles rechargeables ?
Rechargeable, oui, mais comment ? Avec une autre prise électrique ? L'avenir du "sans fil" est-il dans le chargeur à fil ? Non ! Trois fois non ! L'ingéniosité de nos inventeurs n'ayant pas de limites j'ai le plaisir de vous annoncer - si vous ne le saviez déjà - l'apparition de chargeurs sans fil. Une simple manivelle suffit à produire l'électricité nécessaire pour régénérer piles et batteries de toutes sortes.
J'imagine déjà l'aspect du chargeur de batterie pour moulins sans fils ... Évidemment, il faudra un homme (ou un garçon) pour faire tourner la machine. C'est ce qu'on appelle un
«retour de manivelle»
...

lundi 14 mai 2007

Pinto alegre


L'histoire se passe (de commentaire) dans une petite ville du Mato Grosso (3000 habitants selon le maire; 1200 selon la police).

Début 2006, à la suite des élections municipales, un nouveau maire (prefeito) est appelé à régner ...
- Araignée, me direz-vous, drôle de nom pour un maire !
- Oui, je sais, mais c'est une traduction ..
Ce nouveau maire ayant bénéficié largement du vote des personnes âgées, est évidemment désireux de leur renvoyer l'ascenseur. Il imagine ainsi de lancer un programme de distribution gratuite de médicaments, programme baptisé Pinto alegre, littéralement "poussin joyeux" c'est à dire exactement ce à quoi vous pensez ! Il s'agit en effet de distribuer du Viagra aux maris trop paresseux dans l'exercice de leur devoir conjugal.
Une sélection drastique est opérée, une dizaine d'époux particulièrement défaillants sont retenus pour la phase de test. Au bout d'un mois, malgré l'enthousiasme des cobayes, l'expérience est brutalement arrêtée sous la pression de leurs épouses.

C'est que nos vieillards, en retrouvant une seconde jeunesse, ont également retrouvé le goût des jeunettes, et se montrent peu soucieux de faire profiter leurs vieilles épouses de leurs nouveaux talents. Monsieur le maire a dû arrêter l'expérience et nos joyeux poussins sont retournés dans leur cage légitime.
Convaincu pourtant du bien fondé de son pétillant programme, le maire envisage aujourd'hui de confier les précieux comprimés de Viagra aux épouses elles-mêmes. À charge pour elles de les donner aux maris au moment opportun. S'il en reste.